Selon l’Académie nationale de pharmacie, il existe trop peu de médicaments spécifiquement adaptés aux enfants.
L’Europe compte aujourd’hui quelque 100 millions de « patients » pédiatriques potentiels. Ceux-ci disposent de médicaments adaptés bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les petites pathologies (gastro-entérites, problèmes dermatologiques, etc.) mais pas pour les pathologies plus graves. C’est un manque que déplorent les pédiatres.
« Il manque énormément de médicaments pédiatriques, il en manque surtout dans certaines classes particulières, comme les anticancéreux, les psychotropes et en cardiologie« , a expliqué le Pr Françoise Brion, membre de l’Académie de pharmacie et chef du service de pharmacie pédiatrique à l’hôpital Robert Debré à Paris. On ne compte que « 400 neuro-blastomes par an chez les enfants, par exemple. Il s’agit donc d’un marché très faible qui n’intéresse par l’industrie pharmaceutique« , fait remarquer le Pr Brion.
Mais le véritable problème c’est que, pour contourner le problème, les médecins ont pris l’habitude de prescrire des médicaments « hors AMM » mais approuvés pour des adultes. Ces prescriptions concernent 28% des médicaments utilisés à l’hôpital Robert Debré et de 11 à 80% en France. Ainsi, les préparations médicamenteuses réalisées pour les enfants varient d’un établissement à un autre ou entre la pharmacie et l’hôpital, avec notamment des excipients différents.
Aujourd’hui, l’Académie de pharmacie recommande donc d’harmoniser les préparations et de faciliter l’approvisionnement des matières premières utiles à la réalisation de celles-ci. Elle préconise également d’assouplir et de faciliter l’application du règlement pédiatrique européen. Ce dernier a en effet permis le dépôt de 1.600 dossiers (depuis 2007), mais n’a pour l’instant abouti qu’à l’enregistrement d’une cinquantaine de médicaments pédiatriques.
Mais l’Académie a également formulé d’autres recommandations parmi lesquelles un meilleur conditionnement des produits, davantage de tests de palatabilité (agréable au goût) pour faciliter l’acceptation par les jeunes enfants et une harmonisation des critères d’autorisation par classes d’âge.
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